L'Assommoir par Emile Zola | Etat complet des gravures de la première édition illustrée par divers artistes dont Pierre-Auguste Renoir. Paris, chez C. Marpon et E. Flammarion, s.d. (1878) in-4.
- Bertrand Hugonnard-Roche
- 7 sept.
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Cette première édition illustrée a paru en 59 livraisons de mai à décembre 1878. Elle est illustrée de 62 grandes compositions gravées sur bois, dont une sur le titre, une dans le texte et 60 à pleine page, d’après André Gill, Frédéric Régamey, Bellenger, Clairin, Alfred Garnier, Maurice Leloir, Auguste Renoir, etc.
Les quatre compositions gravées d'après Renoir pour cet ouvrage sont fameuses – surtout celle du café-concert (p. 272). Elles sont ici en double épreuves (plus le tirage ordinaire). Ce sont les seules illustrations données par Pierre-Auguste Renoir pour un livre.
L'Assommoir a paru en feuilleton dès 1876 dans Le Bien public, puis dans La République des Lettres, avant sa sortie en livre en 1877 chez l'éditeur Georges Charpentier. C'est le septième volume de la série Les Rougon-Macquart. L'ouvrage est totalement consacré au monde ouvrier et, selon Zola, c'est « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». L'écrivain y restitue la langue et les mœurs des ouvriers, tout en décrivant les ravages causés par la misère et l'alcoolisme. À sa parution, l'ouvrage suscite de vives polémiques car il est jugé trop cru. Mais c'est ce naturalisme qui, cependant, provoque son succès, assurant à l'auteur fortune et célébrité.
Gervaise Macquart, le personnage principal, une provençale originaire de Plassans, boiteuse mais plutôt jolie, a suivi son amant, Auguste Lantier, à Paris, avec leurs deux enfants, Claude et Étienne Lantier. Très vite, Lantier, paresseux, infidèle et ne supportant pas de vivre dans la misère, quitte Gervaise et ses enfants pour s'enfuir avec Adèle. Gervaise, travailleuse, reprend alors le métier de blanchisseuse qu'elle a appris à Plassans. Elle accepte d'épouser Coupeau, un ouvrier-zingueur auquel elle a fini par céder. Le bon cœur et la faiblesse sont des traits forts du caractère de Gervaise. Ils auront une fille, Anna Coupeau, dite Nana, héroïne d'un autre roman des Rougon-Macquart. Gervaise voit mourir Coupeau à Sainte-Anne — les crises de delirium tremens de Coupeau sont un des moments forts du roman. Elle se retrouve pratiquement à la rue, réduite à la mendicité. Elle meurt victime de la faim et de la misère, dans un réduit situé sous l'escalier de l'immeuble. Personne ne la voit mourir et c'est l'odeur qui alerte les voisins.
Quand le roman paraît en volume en janvier 1877, il est interdit de vente dans les gares.
Cette première édition illustrée, bien que réalisée à plusieurs mains et avec une certaine hétérogénéité rend avec force l'ambiance du chef d'œuvre du naturalisme.
"il ne faut point conclure, que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu’ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent." (Emile Zola)
Cette première édition illustrée (édition populaire diffusée en livraisons à prix très modique) mérite d'être recherchée par les bibliophiles. Sur papier ordinaire elle se trouve aujourd'hui pour quelques dizaines d'euros. La plupart des exemplaires ont été très pauvrement reliés à l'époque. Trouver un bel exemplaire très bien relié sur papier ordinaire relève aujourd'hui de l'exploit. Les 130 exemplaires imprimés sur papier de Hollande (qui possèdent normalement un tirage à part des gravures sur papier de Chine) sont nettement plus prisés et doivent être recherchés avec hâte.
Cette suite de gravures devait être répertoriée pour en donner un état complet en un même lieu et facilement accessible. C'est désormais chose faite ici. Vous pouvez cliquer sur les images ci-dessous pour en ressentir toute la puissance. Cette suite nous invite à la réflexion sur le naturalisme tant décrié à l'époque : Le naturalisme c'est regarder la mort en face !
Bertrand Hugonnard-Roche






























































Publié le dimanche 7 septembre 2025 par Bertrand Hugonnard-Roche pour le Bibliomane moderne
Tous droits réservés Bertrand Hugonnard-Roche | Librairie L'amour qui bouquine | Septembre 2025











































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