COURTILZ DE SANDRAS (Gatien)
Mémoires de Mr. d'Artagnan, Capitaine Lieutenant de la première Compagnie des Mousquetaires du Rois contenant quantité de choses particulières et secrettes qui se sont passées sous le Règne de Louis le Grand.
A Cologne, chez Pierre Marteau, M. DCCI. [1701] [Hollande] [i.e. 1700-1701]
3 volumes in-12 (163 x 107 mm | hauteur des marges : 157 mm) de (8)-564-(16) ; 636-(12) et (2)-598-(16) pages. Pages de titre à la sphère armillaire "zodiacale".
Reliure à la bradel cartonnée plein papier raciné, filets dorés aux dos, pièces de titres en cuir rouge, tranches rouges, doublures et gardes de papier blanc (reliures modernes à l'imitation des cartonnages du XIXe siècle). Reliures neuves parfaitement exécutées (les volumes avaient été finement reliés au XIXe siècle mais la reliure était délabrée). Intérieur très frais. Collationné complet.
Intéressant et rare exemplaire avec les trois volumes portant la date de 1701.
Exemplaire grand de marges.
On sait que le premier volume seul a été publié sous la date de 1700 à Cologne chez Pierre Marteau. Ce premier volume a 564 pages et une table des matières. Il est imprimé "FIN" à la fin de ce premier volume. Nous avons pu comparer le premier tome de notre exemplaire daté 1701 avec ce premier volume daté 1700. Il s'avère que le tirage des deux volumes est identique en tous points à la coquille près. Seul la page de titre a été changée. On peut donc en conclure qu'il n'y a eu qu'un seul tirage de ce premier volume en 564 pages plus la table et que ce sont les volumes imprimés en 1700 dont seul le titre a été changé. On peut considérer à juste titre cette série en 3 volumes portant la date de 1701 pour les 3 volumes comme état la véritable première édition de ce texte.
Un exemplaire que nous avons eu en mains du premier volume en 564 pages et portant la date de 1700 était relié à l'époque avec les Mémoires de Chavagnac dans l'édition de 1700 également. Ce volume était intéressant car il rassemblait sous une reliure hollandaise de l'époque le premier tome des Mémoires de d'Artagnan, daté de 1700 et comprenant 564 pages avec table des matières, et les Mémoires de Chavagnac, prouvait que ce premier volume des Mémoires de d'Artagnan publié en 1700 avait tout d'abord paru seul.
La complexité de cette chronologie éditoriale, laisse apparaître d'autres éditions parues sous la date de 1700 et 1701. Il existe ainsi également une édition en trois volumes tous datés de 1700, mais sans table des matières, ainsi qu'une autre où seul le premier volume, sans indication de tomaison, est daté de 1700 avec table, tandis que les deux suivants, datés de 1701, comportent aussi une table. L'édition en trois volumes datés de 1700 mais sans table aurait été réalisée ultérieurement, probablement en antidatant les tomes 2 et 3. Un autre tirage de 1700, avec un titre imprimé en noir, est également connu.
Le d’Artagnan historique, celui campé par Courtilz de Sandras et celui de Dumas qui s’en est inspiré ont quelques points communs : tous trois cadets de Gascogne, montant à Paris pour « prendre du service », devenant des mousquetaires courageux et fidèles.
Gatien Courtilz de Sandras (1644 -1712) suit une carrière militaire entre 1660 et 1679, passant notamment par les mousquetaires gris. Puis il se fait écrivain, rédigeant des mémoires apocryphes, notamment sur d'Artagnan, Mr de Rochefort, mais aussi des chroniques scandaleuses et des ouvrages politiques. Son œuvre reflète les ambitions et les frustrations de l’aristocratie encore féodale tenue en bride par l’Absolutisme. Sa liberté de ton le mènera d’ailleurs à la Bastille où il séjournera de 1693 à 1699. Dumas s’est largement inspiré de ces pseudo–mémoires pour écrire les Trois mousquetaires, Courtils lui fournissant les personnages d’Athos, de Porthos, d’Aramis ou de Milady et de nombreuses anecdotes.
A propos du véritable d'Artagnan nous avons le témoignage de Madame de Sévigné qui écrit dans une lettre datée du 27 novembre 1664 adressée à M. de Pomponne : "[...] Il faut que je vous conte ce que j’ai fait. Imaginez-vous que des dames m’ont proposé d’aller dans une maison qui regarde droit dans l’Arsenal, pour voir revenir notre pauvre ami [Nicolas Fouquet]. [...] M. d’Artagnan étoit auprès de lui ; cinquante mousquetaires derrière, à trente ou quarante pas. Il paroissoit assez rêveur. [... ] En s’approchant de nous pour rentrer dans son trou, M. d’Artagnan l’a poussé, et lui a fait remarquer que nous étions là. Il nous a donc saluées, et a pris cette mine riante que vous connoissez. Je ne crois pas qu’il m’ait reconnue ; mais je vous avoue que j’ai été étrangement saisie, quand je l’ai vu rentrer dans cette petite porte. Si vous saviez combien on est malheureuse quand on a le cœur fait comme je l’ai, je suis assurée que vous auriez pitié de moi ; mais je pense que vous n’en êtes pas quitte à meilleur marché, de la manière dont je vous connois. [...]" ; puis encore dans une lettre du 11 décembre de la même année 1664 : "[...] Cependant M. Fouquet est allé dans la chambre de M. d’Artagnan : pendant qu’il y était, il a vu par la fenêtre passer M. d’Ormesson, qui venait de reprendre quelques papiers qui étaient entre ies mains de M. d’Artagnan. M. Fouquet l’a aperçu ; il l’a salué avec un visage ouvert, et plein de joie et de reconnaissance ; il lui a même crié qu’il était son très-humble serviteur. [...] À onze heures, il y avait un carrosse prêt, où M. Fouquet est entré avec quatre hommes, M. d’Artagnan à cheval avec cinquante mousquetaires. Il le conduira jusqu’à Pignerol, où il le laissera en prison sous la conduite d’un nommé Saint-Mars, qui est fort honnête homme, et qui prendra cinquante soldats pour le garder. On sait que celui-ci apporta une lettre de Louis XIV au comte de Bussy Rabutin, cousin de ladite Madame de Sévigné et gouverneur du Nivernais, à la Charité sur Loire, à la date du 29 mars 1652.
Références : Jean Lombard, Courtilz de Sandras et la crise du roman à la fin du grand siècle, 1980 (PUF) ; Woodbridge, Gatien de Courtilz : Etude sur un précurseur du Roman réaliste France (Puf, 1925)
Très bel exemplaire, grand de marges et très frais, de cette première édition (1700-1701) avec titre de relais pour le premier volume.
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2 850,00 €Prix
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![Mémoires de Mr. d'Artagnan [par Courtilz de Sandras] Cologne Pierre Marteau 1701](https://static.wixstatic.com/media/c9a4cd_637f1db9ec654443bbb4415935445552~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_802,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/c9a4cd_637f1db9ec654443bbb4415935445552~mv2.jpg)