François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit couramment Fénelon
Education des Filles. Par Monsieur l'Abbé de Fénelon. A Paris, chez Pierre Emery, 1699 [i.e. 1687] [de l'imprimerie d'Antoine Lambin, 1687] 1 volume in-12 (160 x 96 mm | hauteur des marges : 156 mm) de (4)-275-(7)-(4) pages. Reliure plein maroquin aubergine, dos à nerfs janséniste, auteur, titre et millésime dorés, double filet doré sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées sur marbrure (reliure signée ALLÔ, exécutée vers 1860-1875). Reliure et intérieur frais, quelques ombres sur un plat, minimes marques aux coins. Edition originale de 1687 remise en vente en 1699 avec un nouveau titre à cette date. Les exemplaires portant la date de 1699 ont assez rarement été bien décrits dans les catalogues. Pourtant quelques libraires (Morgand notamment) ont bien noté qu'il s'agit en réalité de l'édition originale de 1687 dont seul le titre a été changé. Il suffit de regarder la page 2 à la dernière ligne pour constater le caractère "a" du mot "sans" qui est une lettre tombée dans la forme du typographe et qu'on retrouve également dans les deux sortes d'exemplaires. Par ailleurs l'achevé d'imprimer est bien en date de 1687. Les exemplaires sortent de l'imprimerie d'Antoine Lambin, aux dépens des sieurs Auboüin, Emery et Clousier. Dans notre exemplaire le Catalogue de livres etc. se trouve placé à la fin du volume juste après l'errata qui est bien présent. L'Education des Filles par Fénelon a été achevé d'imprimer le 29 mars 1687. Dans L’Éducation des filles, Fénelon s’adresse aux mères et gouvernantes, en prônant une éducation fondée sur la piété, la raison douce et la mesure, anticipant une réforme discrète de la condition féminine. Après avoir suivi, à partir de 1672, sa formation au séminaire Saint-Sulpice, tout en étant également proche des jésuites, Fénelon obtient le grade de docteur en théologie à l’université de Cahors le 26 mars 1677, puis est ordonné prêtre à Sarlat le 17 avril de la même année. Remarqué pour la qualité de ses prédications, il est nommé en juin 1679, par l’archevêque de Paris, supérieur de l’Institut des nouvelles catholiques, un internat parisien destiné à la « rééducation » de jeunes filles issues de familles nobles ou bourgeoises récemment converties du protestantisme au catholicisme. Ses fonctions nourrissent sa réflexion, et dès 1681, Fénelon consigne son expérience pédagogique dans un Traité de l’éducation des filles, rédigé à l’origine pour le duc et la duchesse de Beauvilliers. L’ouvrage ne sera toutefois publié qu’en 1687. À l’été 1689, sur la recommandation de Madame de Maintenon, dont il est devenu le conseiller spirituel, Fénelon est nommé précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV et héritier présomptif du trône, alors âgé de sept ans. Il s’emploie à lui transmettre « toutes les vertus d’un chrétien et d’un prince », gagnant l’affection durable de son élève. En 1690, sa mission s’élargit à l’éducation des deux frères du duc de Bourgogne : le duc d’Anjou et le duc de Berry. Il acquit ainsi une position influente à la cour et, à l’instar des autres précepteurs princiers, fut reçu à l’Académie française en 1693. En 1694, l’affaire du quiétisme, querelle théologique, oppose Fénelon à Bossuet, qui avait pourtant été l’un de ses premiers soutiens. Dans son Explication des maximes des saints sur la vie intérieure, Fénelon prend la défense de Madame Guyon, arrêtée en 1695 et condamnée à de longues années de détention. Tous deux sont alors considérés comme des figures importantes de ce que l’on appelait au XVIIe siècle « le christianisme intérieur ». La même année, Fénelon est progressivement écarté de l’éducation des princes, d’abord par une nomination à l’archevêché de Cambrai (le 4 février 1695, confirmée le 30 mai et suivie de son ordination le 10 juillet), puis par une véritable disgrâce. Il devient alors, non sans ironie, « le Cygne de Cambrai ». En 1697, Bossuet, soutenu par Madame de Maintenon et d’autres, obtient que le roi demande au pape la condamnation du livre. Celle-ci intervient en 1699. Fénelon accepte la décision avec humilité et abjure publiquement ses erreurs. Fénelon est aujourd'hui encore connu pour son Télémaque rédigé entre 1694 et 1696 pour le jeune Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Ce roman d’éducation morale et politique : à travers les aventures du fils d’Ulysse guidé par Mentor (qui n’est autre que Minerve déguisée), Fénelon expose les vertus d’un bon gouvernement, les dangers du pouvoir absolu, et les qualités requises d’un souverain juste, modéré et vertueux. Sous cette forme allégorique, Télémaque constituait donc un manuel destiné à former l’esprit et le cœur d’un futur roi. Au début de l’année 1699, Fénelon est officiellement relevé de ses fonctions de précepteur. En avril, la publication anonyme et non autorisée de Télémaque provoque la colère de Louis XIV, qui y décèle une critique voilée de son propre règne. L’impression est aussitôt arrêtée, et Fénelon, désormais en disgrâce, est banni de la cour. Retiré dans son évêché de Cambrai, il meurt le 7 janvier 1715 dépouillé de tous ses biens qu'il avait largement distribué.
"Rien n'est plus négligé que l'éducation des filles. La coutume et le caprice des mères y décident souvent de tout: on suppose qu'on doit donner à ce sexe peu d'instruction. L'éducation des garçons passe pour une des principales affaires par rapport au bien public; et quoiqu'on n'y fasse guère moins de fautes que dans celle des filles, du moins on est persuadé qu'il faut beaucoup de lumières pour y réussir. Les plus habiles gens se sont appliqués à donner des règles dans cette matière. [...]" (extrait du Chapitre Premier)
Bel exemplaire de ce livre important dans l'histoire de l'étude de la condition féminine.
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