ANONYME [Claude JOLY] | Recueil de Maximes véritables et importantes pour l'institution du Roy. Contre la fausse et pernicieuse politique du Cardinal Mazarin, prétendu Sur-Intendant de l'éducation de sa Majesté. Avec deux Lettres Apologétiques pour ledit Recueil contre l'Extrait du S. N. Avocat du Roy au Chastelet. A Paris, M. DC. LXIII. (1663) [Hollande, i.e. 1653]. Bel exemplaire luxueusement relié en maroquin à l'époque, très bien conservé, condition rare pour cet ouvrage de polémique politique.
ANONYME [Claude JOLY]
Recueil de Maximes véritables et importantes pour l'institution du Roy. Contre la fausse et pernicieuse politique du Cardinal Mazarin, prétendu Sur-Intendant de l'éducation de sa Majesté. Avec deux Lettres Apologétiques pour ledit Recueil contre l'Extrait du S. N. Avocat du Roy au Chastelet.
A Paris, M. DC. LXIII. (1663) [Elzéviers d'Amsterdam, Hollande, i.e. 1653]
1 fort volume in-12 (141 x 85 mm | hauteur des marges : 133 mm) de 12 feuillets non chiffrés y compris le titre, et 584-(2), 1 feuillet blanc, 65 pp. Collationné complet.
Reliure strictement de l'époque plein maroquin olive, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin havane, double-filetd doré en encadrement extérieur des plats, roulette dorée sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées. Belle et fine reliure en maroquin de l'époque très bien conservée. Quelques ombres au maroquin. Intérieur très frais. Petite tache sans gravité en marge extérieur des cinquante derniers feuillets.
Nouvelle édition.
La première édition de ce pamphlet date de 1652 et a été aussitôt détruite. Une deuxième édition a été aussitôt imprimée en Hollande en 1653 puis enfin en 1663 (notre édition) avec l'adjonction des deux lettres apologétiques.
Ce volume sortirait des presses des Elzéviers d'Amsterdam selon Brunet.
On lit à la fin du volume que le texte a été rédigé en décembre 1642 et revu en octobre 1652.
Cependant, après exament minutieux d'un exemplaire de 1653 et de notre exemplaire de 1663, il s'avère qu'il s'agit, à la virgule près, du même tirage (lettrines, justifications des pages, et même jusqu'aux erreurs typographiques). Il ne s'agit donc pour nous que d'une remise en vente des exemplaires invendus de 1653 avec ajout des deux lettres apologétiques qui s'y trouvent d'ailleurs en pagination séparée. Il n'y a donc à priori que deux éditions de cet ouvrage, la première de 1652 qui a été saisie et supprimée (on en dénombre cependant quelques exemplaires qui ont échappé à la destruction) et celle de 1653 que l'on trouve soit sous cette date, soit sous la date de 1663 avec les deux lettres ajoutées à la fin (notre exemplaire).
Toutes les idées, esquissées dans les Mazarinades, Claude Joly les a exposées à son tour, mais d'une façon plus synthétique, et, plus profondément que les auteurs de ces pièces fugitives, il a étudié les principes et le fonctionnement de l'organisation politique. Son livre le plus remarquable a paru en 1652, au moment même où la Fronde finissait, et le titre même indique déjà que Claude Joly n'a pas échappé au préoccupations du moment : Recueil de Maximes véritables et importantes pour l'institution du Roy contre la fausse et pernicieuse politique du Cardinal Mazarin, prétendu surintendant de l'éducation de Sa Majesté. L'ouvrage fut attaqué par le Châtelet ; un avocat du roi réussit à en extraire treize propositions, qu'il déclara subversives, et le tribunal condamna au feu le Recueil des maximes. Cependant, en 1663, parut une nouvelle édition, à laquelle on ajouta deux Lettres apologétiques, qui prétendaient répondre aux arguments de l'avocat du roi, et qui semblent aussi être l'oeuvre de Claude Joly. Dans la Préface de son Recueil de maximes, Claude Joly se défend d'avoir voulu faire oeuvre de factieux : « Je n'ai point eu en cecy d'autres intentions que de tascher, selon mon petit pouvoir, d'estre utile à mon prince et à son Estat ! Ceux qui me connoissent sçavent bien que je ne suis de mon naturel ny factieux ny républicain. » Il déclare qu'il appartient à une famille de zélés royalistes, qui ont toujours combattu la Ligue, et qui ont contribué, pour leur part, à l'avènement de Henri IV ; comme Français et comme chrétien, ajoute-t -il , « je fais profession solennelle de chérir et honorer mon Roy comme l'image vivante de Dieu sur la terre » . Il ne veut pas qu'on le prenne pour un révolutionnaire ; bien au contraire, ainsi que tous ceux qui, à cette époque, combattent la théorie absolutiste, il se donne comme le défenseur des traditions anciennes et t il demande que l'on revienne à ce qu'il croit être les institutions fondamentales de la monarchie. Il considère que ce sont les ministres qui ont faussé les lois primitives du royaume. Il est donc pour lui une question essentielle, c'est de savoir quelle est l'origine de l'autorité royale. Sa réponse est très nette : ce sont les peuples qui ont institué les rois : « Il semble à quelques uns mal informez de la condition des Souverains que les peuples ne sont faits que pour les Roys ; quoy qu'au contraire il soit véritable que les Roys n'ont esté faits que pour les peuples . Car, de tout temps, il y a eu des peuples sans Roys , mais jamais il n'y eut de Roys sans peuples . » Comme les peuples ne peuvent vivre sans justice, les rois n'ont été institués que pour remplir cet office : « C'est la nécessité et le besoin que les peuples ont reconnu avoir de la justice qui les a fait résoudre à constituer sur eux des roys pour la recevoir de leurs mains. » — Ainsi, c'est le peuple qui primitivement possédait la souveraineté ; il s'en est dessaisi au profit du roi ; le prince tient donc son autorité du peuple. Mais, que devient alors le principe du droit divin de la royauté ? Claude Joly prétend qu'il n'est pas en contradiction avec sa théorie : « Or encores que les Roys tiennent originairement leur puissance des peuples, ce n'est pas à dire pour cela qu'ils ne la tiennent aussi immédiatement de Dieu. » Dieu approuve ce transfert de la souveraineté, dès qu'il est accompli, et « le Prince tire toute son autorité de cette approbation et vertu divine ». Les officiers royaux eux-mêmes participent à l'autorité divine, et quiconque résiste à ces puissances temporelles s'insurge, par le fait, contre la volonté de Dieu. L'avocat du Châtelet, cependant, condamne cette doctrine, au nom du droit divin. Dans sa Lettre apologétique, Claude Joly s'applique donc à reprendre et à développer son idée. Dieu est certainement la cause générale, mais Dieu, pour produire les effets qu'il lui plaît dans l'ordre de la nature, se sert de causes secondes : « Ainsi les peuples sont les autheurs et les vrayes causes de toutes les formes de gouvernement qu'ils ont establis sur eux ; et les magistrats, soit rois, soit consuls, soit dictateurs, tiennent leur élection et leur autorité d'eux, selon les différentes conditions et stipulations sous lesquelles elle leur a esté donnée. [...] » (Henri Sée, Idées politiques à l'époque de la Fonde, in Revue d'Histoire moderne et contemporaine, Tome III, mai-juin 1901, pp. 715-738).
Références : Catalogue des livres imprimés par les elsevier ou pouvant s'annexer à leur collection (bibliothèue Lagondie), n°792 (notre exemplaire est plus grand de 3 mm que celui décrit au catalogue le libraire Labitte en 1879. V. Pieters, p. 322, n°24 (qui indique que l'édition de 1653 et celle de 1663 n'en sont en réalité qu'une seule).
Bel exemplaire luxueusement relié en maroquin à l'époque, très bien conservé, condition rare pour cet ouvrage de polémique politique.
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