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Adolphe Guillot. Ernest Daudet (préface)

Paris qui souffre. La basse Geôle du Grand Châtelet et les Morgues modernes par Adolphe Guillot, juge d'instruction à Paris. Avec une préface par Ernest Daudet.

Paris, P. Rouquette, 1887

1 volume grand in-8 (25,5 x 17,5 cm) de VI-290-(10) pages. Quelques illustrations dans le texte. Frontispice gravé.

Reliure à la bradel de l'époque demi-toile verte à larges coins. Pièce de titre en cuir. Fleuron et millésimé dorés au dos. Couvertures imprimées conservées (les deux plats). Quelques légers frottements à la reliure. Intérieur parfait.

L'un des rares exemplaires tirés sur papier du Japon (non justifiés).

"Ah ! le cruel et terrible livre ce Paris qui souffre ! mais le beau livre aussi, et bon surtout ! En son titre pourquoi ne pas le dire ? il annonce, à la vérité, un sujet plus vaste encore que celui où l'auteur s'est maintenu et M. Adolphe Guillot le reconnaît lui-même au terme d'un éloquent paragraphe. « Paris qui souffre, en y pensant bien, c'est Paris tout entier ». Par un artifice littéraire auquel les traités de rhétorique donnent un nom plus ou moins barbare, il a pris la partie pour le tout, non dans l'intention mesquine d'attirer le lecteur en lui promettant, sinon autre chose, plus, assurément, qu'il ne donne ; mais, tout au contraire, dans la crainte de voir son livre « confondu avec les œuvres malsaines qui exploitent la brutale curiosité des foules pour l'ignoble et le scandaleux, en inscrivant sur la première page le nom sinistre de la "Morgue". Car, sous le titre de Paris qui souffre, c'est l'histoire de la Morgue dans le passé, c'est l'étude de l'institution actuelle au point de vue philosophique et social que nous présente M. Adolphe Guillot. Et c'est bien dans cette sombre hôtellerie, en effet, que Paris qui souffre donne ses suprêmes rendez-vous « C'est là que se recueillent les épaves des existences dévoyées, que défilent vers l'éternité les longues processions des âmes flétries, des courages abattus et des consciences coupables, » Où trouverait-on de plus sûrs documents pour écrire l'histoire du crime et de la misère noire que dans ce petit espace, la Morgue, qu'on ne saurait visiter, si peu qu'on ait de pitié dans le cœur, « sans songer aux redoutables problèmes que la vie soulève à chaque pas, dans une cité où se heurtent de violentes passions et où abondent tant d'éléments de dissolution sociale ? Et qui la connaîtrait mieux, la Morgue, que M. Adolphe Guillot, le magistrat qui, par sa fonction, y est appelé presque chaque jour, le juge qui a instruit avec autant de pénétration que d'humanité tant de causes célèbres, depuis une douzaine d'années, et est devenu populaire en ce Paris qui ne peut sans admiration le voir rivaliser d'audace avec nos plus hardis pompiers, atteindre aux parties les plus inaccessibles, braver les écroulements, affronter les trombes d'eau, risquer l'asphyxie, franchir des brasiers dans les ruines brûlant encore de l'Opéra-Comique, par devoir professionnel, sans doute, mais par le culte de la justice surtout, car il procédait à l'enquête sur les responsabilités du sinistre. Tel est l'auteur de Paris qui souffre. Sur le livre, j'ajouterai peu de chose à ce qui précède, je n'en ferai pas l'analyse ; il faut les lire, ces pages exemptes de tout lieu commun déclamatoire, par cela même si émouvantes, que traverse le souffle d'une ardente charité, chargées de pitié pour les vaincus de la vie, animées de la plus haute philosophie spiritualiste, inspirées par la foi religieuse en la survivance de l'âme édictées par l'amour fervent de l'humanité, en même temps qu'elle sont écrites avec le souci de la vérité le plus scrupuleux. Parmi les réformes que sa longue expérience lui suggère et qu'il sollicite si éloquemment au nom de la civilisation, celle qui lui tient le plus au cœur, qu'il appelle au plus vite et avec le plus d'insistance, c'est la suppression de l'entrée libre à la Morgue, l'exposition publique des cadavres inutile à l'action de la justice étant avec ses « exhibitions hideuses », ses « représentations extraordinaires », ses « mises en scène trop dramatisées », un outrage au respect dû à la mort et un appât malsain offert à « l'engouement du public pour les spectacles horribles ». Or, dit encore M. Guillot, « la vue de l'horrible pervertit l'esprit ; il ne faut point dire ad alta per fœda et horrida ! Il Ayons le souci de la dignité humaine, car – et c'est le dernier mot de ce cruel et terrible et beau et bon livre « tout ne finit pas avec la dernière larme qui vient mouiller à l'heure suprême les yeux de celui qui a souffert dans ce monde ». (Critique littéraire du Mois, Le Livre, 1888).

Une seconde édition paraîtra dès l'année suivante (1888) chez le même éditeur. 


Provenance : F. Chandenier (ex libris gravé), historien érudit et bibliophile sénonais (Sens, Yonne). Octave Uzanne bibliophile et homme de lettres (ex libris artistique gravé, par Aglaus Bouvenne - vente du 2 mars 1894, n°219)

Références : Vicaire III- 116 (tirage à 500 ex. dont 25 Japon, 25 Hollande et 450 vélin).

Bon exemplaire du rare tirage sur papier du Japon (25 exemplaires sur ce papier).

Adolphe Guillot. Paris qui souffre (1887). E0. Rare ex. sur Japon. Octave Uzanne

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