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Trois poésies vaporeuses extraites des Délices de la Poésie Galante (Paris, Ribou, 1666) ... qui tournent autour Pet ! Autant en emporte le vent ...

Pas la peine de tourner autour du Pet ! Nos aieux aimaient à rire et n'étaient point si constipés qu'on pourrait le penser. Sans doute même l'étaient-ils moins que nos générations mollassonnes du bulbe rieur ! Le XXIe siècle laissera le rire gras au placard de la bienséance ... dommage !



Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)
Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)

En 1666 le libraire Jean Ribou (celui-là même qui publia les pièces de théâtre de Molière) donna au public un recueil de poésies diverses plutôt tournées du côté de la gauloiserie et de la galanterie gaillarde que du côté de chez Swann ! Sous le titre : Délices de la Poésie Galante il donne en 1663-1664 une première édition dans laquelle on ne retrouve pas les poésies scatologiques que nous avons le plaisir de vous glisser discrètement. Ce sont trois pièces en vers qui tournent autour du Pet ! La première est un Madrigal dont voici la senteur littéraire :


MADRIGAL


Jean demandait à sa voisine,

Où il placerait un Moulin :

La Dame qui n'était badine,

Fit cette réponse au Voisin.

Si tu veux qu'il n'y manque rien,

Entre mes jambes il sera bien ;

Car si l'eau manque par devant,

Par derrière il aura du vent.


Frais, léger. Ce madrigal n'est pas signé dans le recueil. A priori on n'en connait pas l'auteur. Ce petit poème a paru pour la première fois semble-t-il dans un recueil de poésies dès 1657 (Paris, chez Louis Chanhoudry).



Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)
Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)

Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)
Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)

Le poème suivant est plus musical et plus long. Il s'intitule :


Sur un Pet qu'un Amant fit en présence de sa Maîtresse.


En voici la senteur boisée :


Unique objet de mes désirs,

Philis, faut-il que mes plaisirs

Pour rien se changent en supplices ;

Et qu’au mépris de votre foi,

Un Pet efface les services

Que vous avez reçu de moi ?


Je sais bien, ô charmant objet,

Que vous avez quelque sujet

D’être pour moi toute de glace,

Et je confesse ingénument,

Puisque mon cul fait ma disgrâce,

Qu’elle n’est pas sans fondement.


Si pourtant cet extrême amour

Dont j’eus des preuves chaque jour,

Pour un Pet s’est changé en haine ;

Vous ne pouviez jamais songer

À rompre une si forte chaîne,

Pour aucun sujet plus léger.


Mon cœur outré de déplaisirs,

Etait gros de tant de soupirs,

Voyant votre amour si farouche,

Que l’un d’eux se trouva réduit,

Ne pouvant sortir par ma bouche,

A chercher un autre conduit.


S’il est vrai qu’on ose nier

La porte à chaque prisonnier

Alors que la Princesse passe ;

Ce Pet pouvait avec raison

Vous demander la même grâce,

Puisqu’il se voyait en prison.


S’il ne s’est pas fort bien conduit

Qu’il ait fait quelque peu de bruit,

Lorsqu’il se fraya cette voie,

C’est qu’il était si transporté,

Qu’il fit en l’air un cri de joie,

En recouvrant sa liberté.


Hélas ! Quand je viens à songer

À ce sujet faible et léger

Qui cause mon malheur extrême,

Je m’écrie, en ma vive ardeur :

Fallait-il me mettre moi-même

Près de vous en mauvaise odeur ?


Si pour un Pet fait par hasard

Votre cœur où j’ai tant de part,

Pour jamais de moi se retire,

Voulez-vous que dorénavant

Vous me donniez sujet de dire

Que vous changez au moindre vent ?


Ne faîtes donc point d’autres choix ;

Et puis que votre âme à mes lois

S’était soumise toute entière,

Soyez telle qu’auparavant,

Ou l’on dira que mon derrière

M’a fait perdre votre devant.


Pièce non signée. Publié également pour la première fois en 1657 semble-t-il.



Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)
Les Délices de la Poésie Galante (Paris, Jean Ribou, 1666)

Enfin, une troisième tempête venteuse se trouve à la suite des deux précédentes dans le recueil Ribou de 1666. Elle s'intitule : Sun un Pet lâché en bonne Compagnie. Le voici :


STANCES


Philis, effacez la rougeur

Qu'une trop sévère pudeur

A peine sur votre visage :

Laissez dire le médisant ;

Pour atteindre un long et bel âge,

Il faut donner à son Cul vent.


Cet accident n'est pas mortel,

Il n'est rien de si naturel,

N'y certes de plus ordinaire.

Hé que vous peut-on reprocher,

Sinon d'avoir mis en lumière

Ce qu'un scrupule fait cacher ?


Une autre plus fine que vous

Eut serré cuisses et genoux,

Pour le convertir en femelle ?

Mais si de gens si raffinés,

Ce qu'à l'oreille l'on nous cele,

Nous coûte bien plus cher au nez.


L'occasion prise au colet,

Vous entonnâtes le motet,

Comme nous gardions le silence ;

Et chacun resta convaincu,

Que l'on devait telle audience

Aux doux accents de votre Cul.


Ah ! Philis, ce beau ton de voix

Nous réduisit tous aux abois,

Et sortit avec tant de grâce,

Que je m'écriai tout confus,

Heureux avec cette basse

Qui pourra faire le dessus !


Mais, ô folle exclamation !

N'entrons point en tentation

Sur si délicate matière,

Autant en emporte le vent ;

Si Philis outre le derrière,

C'est pour mieux fermer le devant.


Cette pièce n'est pas signée mais ne manque pas de parfum !

Nous n'avons pas trouvé de références pour cette pièce qui mérite pourtant de passer à la postérité !


Il nous faudra encore éplucher ce précieux recueil de 1666 pour voir s'il ne s'y cache pas encore quelque pépite odoriférante !


A suivre ... (pas de trop près tout de même)


Bertrand Hugonnard-Roche

Le Bibliomane moderne

Publié en ligne le vendredi 21 mars 2025


 
 
 

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