Note de l’auteur ... inédite !

De Voltaire, d'une secte, de la révolution, de Bonaparte et de l'empereur, de l'église et du pape ...
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Note de l’auteur [*]
Le plus dangereux ennemi qu’ait jamais eu la religion chrétienne a été le fils d’un procureur au Châtelet de Paris où il naquit sur la fin du dix-septième siècle. Il se nommait François Arouet mais n’est connu que sous son nom de Voltaire. Le malheureux doué des plus rares talents, ne les a fait servir pendant soixante ans, qu’à détruire le royaume de dieu. A l’article de la mort il réclama les secours de cette religion qu’il avait couverte de ridicule ; il invoqua Jésus-Christ qui fut sourd à sa voix ; et les secours de la religion lui furent refusés, parce que la troupe impie qu’il avait formée, environna son lit de mort et le força à mourir dans le désespoir et l’impénitence en 1778.
Imbu des principes de Voltaire, en 1750 un professeur de droit de l’université d’Ingolstadt en Bavière, nommé Weishaupt forma le projet de réaliser les désirs impies de son maître et d’exécuter les plans d’attaque qu’il avait formée contre Jésus-Christ la religion de Jésus-Christ. La secte impie dont le malheureux fut l’auteur, l’accrut avec une rapidité étonnante, et dans l’espace de quinze ans, ayant rempli toute l’Europe, elle choisit la France comme le théâtre de plus propre à commencer ses opérations anti-chrétiennes. Louis 15 avait sa cour et son conseil remplis d’adeptes de la secte. Ils parvinrent à corrompre ses mœurs, mais ils ne purent jamais altérer sa foi. La reine, le dauphin, son fils aîné le duc de Bourgogne, la dauphine étaient remplis de piété et soutenaient la religion. On les empoisonna tous ; de sorte que Louis quinze étant mort en 1774 le sceptre passa dans les mains du duc de Berri qui fut nommé Louis seize. Sous ce roi de 20 ans, trop bon et sans expérience, les impies virent que le temps était venu d’exécuter leurs projets. Ils portèrent au ministère des gens qui trahirent la confiance du roi, et qui mirent un tel désordre dans les finances, qu’ils forcèrent le faible monarque à convoquer les états généraux. Ils manœuvrèrent tellement dans les provinces, qu’ils firent nommer députés les adeptes de la secte, qui s’assemblèrent à Paris au mois de mai 1789. Telle est l’époque de la révolution française. La France fut érigée en république ; le roi détrôné fut abreuvé d’ignominie, renfermé dans une tour du temple, et enfin conduit à l’échafaud le 21 janvier 1793. La reine l’y suivit au mois d’octobre de la même année. On ne peut compter le nombre de personnes distinguées par leur naissance ou par leur vertu, qui périrent sous la hache révolutionnaire. La religion fut proscrite, les ministres fidèles furent déportés, emprisonnés, ou massacrés. Enfin, après le juste supplice de l’infâme Robespierre qui périt le 28 juillet 1794 on vit se calmer un peu le règne de la terreur. Mais tant que la France fut république, c’est-à-dire, pendants 13 ans, elle ne fut gouvernée que par des scélérats et des impies. Les derniers qui la gouvernèrent ensemble au nombre de cinq sous le nom de directeurs, arrachèrent de Rome le saint pape Pie VI âgé de plus de quatre-vingt ans, et le firent mourir par l’excès de fatigue et les mauvais traitements qu’il souffrit dans les prisons. Il mourut à Valence en Dauphiné. Le directoire fut renversé par le général Bonaparte que la secte rappela d’Egypte, parce qu’elle avait changé de plan et qu’il lui était nécessaire pour l’exécution du nouveau. La France ne pouvait pas exister sous la forme de république : il fallut donc en former une monarchie ; et ce fut cet homme qu’elle choisit pour lui confier un pouvoir qui parait suprême et qui est très subordonné. Cet homme si absolu n’est que l’instrument de la volonté d’autrui. On lui trace sa marche, et s’il s’en écartait un instant, sa vie ne serait pas en sûreté. Il sait qu’il a affaire à des gens à qui les plus grands crimes ne coûtent rien. La secte comprit qu’une persécution violente au lieu d’abolir la religion ne servait qu’à l’affermir. Il fut donc résolu qu’on paraitrait la favoriser : qu’on lui rendrait les ministres et son culte extérieur, mais qu’on travaillerait à avilir le ministère et à diviser les ministres ; qu’on saperait les fondements de l’autorité de l’église ; qu’on dépouillerait et asservirait son chef visible ; qu’on travaillerait à former un seul corps de toutes les sectes qui se disent chrétiennes ; et nous avons déjà été témoins de la scandaleuse réunion des constitutionnels avec les catholiques. Bonaparte d’abord premier consul et devenu ensuite l’empereur Napoléon ayant assujetti par la force des armes et les intrigues de la secte, l’Italie, les Pays-Bas, la Hollande, et une partie de l’Allemagne n’a employé jusqu’ici sa grande puissance qu’à anéantir la religion en faisant semblant de la protéger. Voulant être sacré par le pape Pie VII, il le força de venir à Paris. Là, le saint pontife reçut sans doute l’hommage de la vénération des vrais fidèles : mais ils sont en petit nombre : et les injures que les impies lui prodiguèrent n’ont jamais été punies. Le jour du sacre, le pape se rendit à l’église de Notre-Dame : et pour avilir la dignité pontificale, l’empereur se fit attendre une heure entière. L’empereur comme de concert avec le pape, a voulu rendre à l’église ses temples et ses ministres ; mais combien le souverain pontife n’a-t-il pas été gêné et forcé par les circonstances à des démarches bien contraires à ses inclinations. Il s’est vu obligé d’exiger de tous les évêques de France qu’ils fissent leur démission ; d’admettre parmi les nouveaux évêques qui les ont remplacés, un certain nombre de constitutionnels dont la conversion était au moins très douteuse. Le saint père pour éviter de plus grands maux, a donc été aussi loin qu’il put aller, mais toutes ses complaisances ont été inutiles, et Napoléon n’a pas cessé un instant de l’accabler d’outrages. Le patrimoine de Saint Pierre ayant enfin été envahi, le souverain pontife après plusieurs plaintes et réclamations lança une bulle d’excommunication contre les auteurs de cet attentat le 10 juin 1809. Quoique l’empereur n’y fût pas nommé, il sentit bien que cette sentence terrible tombait sur lui : mais il la méprisa et ajouta de nouveaux crimes aux anciens. Il donna ordre de se saisir de la personne sacrée du souverain pontife et de le conduire prisonnier en France. Cet ordre sacrilège fut exécuté avec la dernière barbarie par un scélérat nommé le général Radet la nuit du 5 au 6 juillet 1809. On n’avait pas encore désigné le lieu où on le renfermerait. Il passa le trois août à Avignon où l’évêque ne parvint à avoir avec lui quelques minutes d’entretien, qu’à travers les injures et les menaces des gendarmes. Le pape parvint ensuite à Grenoble : mais là, on lui fit rebro rebrousser chemin et on le conduisit à Savone où il a demeuré prisonnier depuis le 10 août 1809 jusqu’au 9 juin 1812. On le fit partir ce jour-là et on le conduisit à Fontainebleau où il arriva le 20 juin. Depuis la captivité du pape plusieurs évêchés sont devenus vacants et l’empereur y a nommé. Mais le pape ne pouvant reconnaître dans un excommunié le pouvoir de nommer à des évêchés, a refusé les bulles, et plusieurs églises sont sans pasteur. Le pape voulait insérer dans les bulles l’expression proprio motu ou toute autre équivalente. L’empereur n’a jamais voulu le permettre. C’est ce que le pape nous apprend lui-même dans une lettre qu’il écrivit au cardinal Caprara son légat, de Savone le 26 août 1809. Le cardinal Fesch ainsi nommé à l’archevêché de Paris vacant par la mort du cardinal du Belloy, après avoir inutilement attendu pendant un an les bulles du pape, abandonna le siège de Paris, et le cardinal Mauri archevêque de Montefiascone fut nommé à sa place. L’ennemi du salut suscita alors le chapitre de Paris qui se persuadant faussement qu’il ne faisait qu’user de son droit en nommant un vicaire général pendant la vacance du siège, interprétant mal le concile de Trente et allant directement contre un décret du concile général de Lyon, donna ce titre à Monseigneur Maury qui accepta bassement ces prétendus pouvoirs donnés par le chapitre, et se mit à gouverner le diocèse sous le nom d’administrateur capitulaire. Le souverain pontife adressa à Monseigneur Maury un bref daté de Savone le 5 9bre 1810, où il lui ordonne de quitter sur le champ l’administration de l’église de Paris. Mais cet ordre du souverain pontife fut méprisé, ainsi que par Monseigneur d’Osmond nommé à l’archevêché de Florence, à qui le pape adressa un bref daté de Savone le 2 7bre 1810. Le bref n’est pas adressé directement à Monseigneur d’Osmond, mais à Monseigneur Evrard Corboti archidiacre de Florence. Ces deux brefs mirent l’empereur dans une telle fureur qu’il condamna à mort ceux qui oseraient les imprimer ou les répandre. L’empereur voyant qu’il ferait de vains efforts pour ébranler la constance du souverain pontife, et obtenir de lui l’institution canonique pour les évêques qu’il avait nommés, assembla à Paris un certain nombre d’évêques et d’ecclésiastiques à qui il se plaignit de la conduite du pape ; et il demanda qu’on rétablit l’ancien droit qu’avait le métropolitain de donner l’institution canonique aux évêques de sa province. Cette commission voyant qu’elle ne pouvait pas ôter au pape un droit qu’il tient de Jésus-Christ lui-même ; se déclara incompétente pour juger cette question, et ce fut Monseigneur de Barral archevêque de Tours qui fut chargé d’aller porter cette détermination à l’empereur. Celui-ci ne se rebuta pas : il convoqua à Paris une assemblée de tous les évêques de France, et des évêques d’Italie dont il n’a pas supprimé les sièges. On donna à cette assemblée illégale le nom de concile national de Paris. L’empereur prétendit forcer les évêques à prononcer en sa faveur contre le souverain pontife ; mais il n’a pu l’obtenir et quoiqu’ils aient été faibles, surtout les français, ils ont protesté de leur dévouement pour la cause du souverain pontife. Cette assemblée était composée de 6 cardinaux, trois français et trois italiens : de dix archevêques y compris le patriarche de Venise, cinq français et cinq italiens : de soixante-dix-sept évêques, quarante-sept français ou allemands et trente italiens : il y avait encore deux évêques et dix prêtres nommés à des évêchés, mais qui n’avaient pas reçu l’institution canonique. La lettre de convocation qui est du dix-huit mai [1811] ne contient que les chefs d’accusation intentés au saint père par l’empereur. La première assemblée se tint dans l’église de notre dame le 17 juin [1811]. Le 10 juillet [1811], l’empereur voyant qu’il avait manqué son but prononça la dissolution de ce prétendu concile. Les évêques de Troyes, de Gand et de Tournai, Monseigneur de Boulogne, de Broglie, et Hirn furent arrêtés et renfermés à Vincennes où ils sont encore depuis un an. Les évêques voyant que leur assemblée était dissoute et qu’ils n’avaient plus rien à faire à Paris demandèrent la permission de retourner dans leurs diocèses ; mais elle leur fut refusée, et ce ne fut que dans le mois d’octobre [1811] qu’ils purent l’obtenir.
[Fin de la Note de l’auteur]
[*] Nous conservons pour l’heure l’anonymat sur l’auteur de cette note. Nous savons qui il est et son identité apporte un éclairage très intéressant. Ce texte est inédit et se trouve joint à un autre texte publié en 1812 (publié), avec également un autre texte lui aussi inédit (que nous produirons prochainement). Nous donnons ci-après le fac-similé exact de la retranscription ci-dessus.
Bertrand Hugonnard-Roche
Le 4 avril 2023






Collection Bertrand Hugonnard-Roche | Librairie L'amour qui bouquine | Avril 2023