top of page

Alfred Dailly (1818-1888), bourgeois distingué, laborieux et bienfaisant, bibliophile à ses heures.


Ex libris gravé par Stern (Paris), vers 1880 ?


Dimensions : 80 x 53 mm. ------------------------

Alfred Dailly (1818-1888), bourgeois distingué, laborieux et bienfaisant, bibliophile à ses heures. En cherchant un peu nous avons fini par trouver des informations assez complètes sur ce bibliophile que nous n'avions jamais croisé auparavant dans nos aventures bibliopolistiques. Nous avons retenu la nécrologie qui nous a paru la plus complète et nous avons complété d'une note extraite de la généalogie très complète que l'on peut trouver en ligne.

Voici donc :

Nécrologie parue dans le Journal des débats politiques et littéraires du 30 août 1888 :

"Une foule nombreuse se pressait mardi, dans l'église de Saint-Cloud, pour rendre les derniers devoirs à M. Alfred Dailly. Au cimetière, plusieurs discours ont été prononcés, notamment, par M. Haussmann, membre du Conseil général du département de Seine-et-Oise, et par M. Ed. Blount, président du conseil d'administration du chemin de fer de l'Ouest, qui, en termes émus, ont retracé la carrière si bien remplie du défunt.

Né à Paris, en 1818 (*), Alfred Dailly entrait au Conseil d'Etat, le 10 mars 1839, en qualité d'auditeur de 2e classe. En 1843, il était nommé chef de cabinet de M. Passy, sous-secrétaire d'Etat à l'intérieur. Cette situation lui permit de rendre d'importants services lors de la cruelle disette qui affligea le pays en 1846. Il fut à cette occasion nommé chevalier de la Légion d'Honneur.

Durant cette même année 1846, il quitta le Conseil d'Etat où il avait été promu à la première classe de l'auditorat, pour occuper les fonctions d'administrateur des chemins de fer de l'Ouest. En cette qualité et comme fondateur du chemin de fer de Dieppe, il contribua énergiquement à créer et à rendre populaire en France l'industrie encore nouvelle qui, en quelques années, devait si complètement transformer le monde. Quinze ans plus tard, en 1862, le roi Victor-Emmanuel lui donnait un témoignage personnel d'estime pour la part qu'il venait de prendre à la création de la ligne reliant la France à l'Italie par le Mont-Cenis.

Pendant la Commune, en 1871, M. Dailly fit jusqu'à la fin son service d'administrateur à la Compagnie de l'Ouest, se rendant chaque jour aux bureaux de la gare Saint-Lazare qu'occupaient les fédérés et menacé plusieurs fois par eux d'être emprisonné comme otage.

Revenu à Saint-Cloud après la guerre, il y exerçait les pénibles fonctions d'administrateur de l'hospice civil, lorsque la mort est venue, non le surprendre, mais apporter un terme aux souffrances d'une impitoyable maladie.

En lui disparaît un des représentants, malheureusement trop peu nombreux aujourd'hui, de cette race de bourgeois distingués, laborieux et bienfaisants qui savent unir aux qualités du meilleur citoyen et du plus parfait gentleman le bon sens clairvoyant et l'activité pratique de l'homme utile.

Les affaires auxquelles M. Dailly s'est consacré avaient toutes un caractère d'intérêt public auquel il s'attachait et qui le passionnait. Durant toute sa vie, son plus grand bonheur a été de faire le bien sous toutes les formes et par tous les moyens que lui suggérait une intelligence sans cesse en éveil et toujours guidée par un cœur placé haut."

Article signé des initiales A. P. (*) On apprend par une autre nécrologie parue dans la presse de l'époque que Alfred Dailly était le fils d'un ancien maître de poste de Paris. Nous avons retrouvé sa généalogie très complète et disponible en ligne (Geneanet). Pour résumer à grand trait disons que Alfred Dailly était né le 30 janvier 1818 à Paris dans le 10e arrondissement. Il était le fils de Claude Gaspard Dailly (1787-1849), maître de poste à Paris et agriculteur et de Anne Louise Sophie Lanchère de la Glandière (1798-1881). C'est par son épouse que Claude Gaspard Dailly devient maître de poste. Claude Gaspard Dailly était le fils de Gaspard Dailly (1758-1834) propriétaire cultivateur à Trappes. Claude Gaspard Dailly, le père de notre bibliophile Alfred Dailly, fut maire de Trappes, puis adjoint au maire du 2e arrondissement de Paris ; il entretint alors des relations avec des membres importants du parti libéral. Il meurt en 1849 âgé de 61 ans. Il laisse trois enfants dont : Gaspard Adolphe, né en 1816 (mort en 1887), maître de la Poste après son père, comme lui gros propriétaire terrien et grand agriculteur. En 1843 il s'était marié avec Adélaïde Thérèse Frochot, petite fille de Nicolas, comte Frochot (1761-1828), préfet de la Seine de 1800 à 1812, date de sa destitution. Alfred Dailly (1818-1888) notre bibliophile administrateur des chemins de fer de l'Ouest. Enfin Amédée Dailly (1824-1897) qui fut maire de Viroflay et qui épousa la princesse Wéra Dolgorouky. La mention "ex libris Frochot" au crayon sous l'ex libris imprimé gravé par Stern s'explique donc par la succession familiale Dailly-Frochot (un membre descendant de la lignée Frochot hérita donc de la bibliothèque d'Alfred Dailly). Nous n'avons pas retrouvé de catalogue d'une éventuelle (probable) vente de la bibliothèque Alfred Dailly (1888 et années suivantes).

Alfred Dailly devait posséder une belle bibliothèque composée de volumes choisis si l'on en juge par l'ouvrage que nous avons entre les mains. Ouvrage du domaine des belles lettres imprimé au milieu du XVIIIe siècle et luxueusement relié en maroquin rouge de l'époque. Elément notable, ce exemplaire est parfaitement conservé. Cet état dénote un bibliophile tout à la fois exigeant sur la qualité des exemplaires qu'il possédait et très soigneux. Nous avons retrouvé, provenant de sa bibliothèque et portant son ex libris : Satyre Ménippée ou Discours sur les poignantes traverses et incommodités du mariage où les humeurs et complexions des femmes sont vivement représentées. Bruxelles, Pour une Société de bibliophiles, 1854. Petit in-12, demi-maroquin bleu à coins, filet doré bordant les plats, dos à nerfs orné, tête dorée (Dupré - H. Vincent succr). Réimpression de l'édition donnée à Paris, Chez Jean Millot, en 1608. Tiré à 106 exemplaires, celui-ci (n° 94), un des 100 sur vélin. MOLIERE. Œuvres complètes. Précédées d'une Vie de Molière par Voltaire. Paris, Furne et Cie, Éditeurs, 1863. 2 volumes in-8°, demi-chagrin rouge, plats de percaline rouge encadrés de filets à froid, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l'époque). [QUATRE FILS AYMON]. Histoire des quatre fils Aymon, très nobles et très vaillans chevaliers. Paris, H.Launette, Éditeur, 1883. In-4°, maroquin brun, triple filet doré encadrant les plats, dos à nerfs orné, tête dorée, couverture illustrée en couleurs conservée (Dupré). LÉVIS (PIERRE MARC GASTON,... Souvenirs et portraits. 1780-1789. A Paris, Chez François Buisson, Libraire, 1813. In-8°, demi-maroquin bleu à coins, filet doré bordant les plats, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure mi-XIXe s.).[GRANDVILLE]. STAHL (Pierre Jules), dir. Vie privée et publique des animaux. Paris, J. Hetzel, Libraire-Éditeur, 1880. In-4°, demi-chagrin rouge, plats de percaline rouge encadrés de filets à froid, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l’époque). LABOULAYE (Édouard). Contes bleus. Paris, Furne et Cie, Libraires-Éditeurs, 1864. In-8°, demi-chagrin violine, plats de percaline de même teinte, dos à nerfs orné de caissons dorés, tranches dorées (reliure de l’époque). Nous avons trouvé aussi des ouvrages de CHATEAUBRIAND, etc. Plusieurs ouvrages ont réapparu sur le marché récemment. Alfred Dailly semble avoir possédé une bibliothèque essentiellement composée de littérature et belles-lettres, mais pas seulement puisqu'on y trouve aussi : [AÉROSTATION]. FAUJAS de SAINT-FOND (Barthélemy). Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier […]. A Paris, Chez Cuchet, 1783. In-8°, basane mouchetée, dos à nerfs orné (reliure de l’époque). [ARTS DÉCORATIFS]. DESTAILLEUR (Hippolyte), dir. Recueil d'estampes relatives à l'ornementation des appartements aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles [...]. Paris, Rapilly, Libraire et Marchand d'Estampes, 1863-1871. 2 volumes infolio, demi-maroquin rouge à coins, double filet doré bordant les plats, dos à nerfs orné, tête dorée (Dupré - M. Vincent succr).

Mis en ligne par Bertrand Hugonnard-Roche, Bibliomane moderne,

le vendredi 28 mai 2021

Comentários


Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page