Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone] | Le Pied de Fanchette ou l'Orfeline Française ; Histoire intéressante et morale. Première [seconde et troisième] partie. Imprimé à La Haie, et se trouve à Paris chez Humblot et Quillau, 1769. 3 parties reliées à l'époque en 1 volume in-12. Rare édition originale du premier véritable succès de l'auteur conservé dans sa reliure de l'époque.
Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]
Le Pied de Fanchette ou l'Orfeline Française ; Histoire intéressante et morale. Première [seconde et troisième] partie.
Imprimé à La Haie, et se trouve à Paris chez Humblot et Quillau, 1769 [de l'imprimerie de Quillau, composé à la presse par Rétif de la Bretonne]
3 parties reliées en 1 volume in-12 (14,5 x 8 cm) de 158, 146-(2) et 192-(2) pages. Les trois pages de titres sont entièrement imprimées en rouge ainsi que le verso du premier titre, l'épître à Madame L***, les feuillets de Tables et les Notes qui se trouvent à la fin du volume. Les errata se trouvent au verso des titres également imprimés en rouge. Erreurs de pagination sans manque. Collationné complet.
Reliure de l'époque usagée demi basane fauve, plats de papier marbré (probablement une reliure allemande ou suisse). Dos fendu sur la longueur, coins usés, intérieur frais. Nous avons préféré laisser la reliure originale fût-elle usée. Petits manques de papiers au coin de quelques feuillets, sans atteinte au texte.
Edition originale rare.
Cette première édition fut tirée à 1000 exemplaires, suivant la Revue des ouvrages de l'Auteur (1784).
Notre exemplaire ne contient pas la nom de Madame Levêque dans la dédicace (à Madame L***, femme d'un marchand). De même dans notre exemplaire, l'épître est signée "Votre très-humble et très obéissant serviteur R. D. L. B. (et non de son nom entier Rétif de la Bretonne). Seuls quelques très rares exemplaires possèdent ces deux noms en entier. Tout le reste du volume est conforme à celui de la Bnf.
" ... J'imprimai, chez Quilau, mon Pied de Fanchette, au mois de septembre 1768 [...]" (Monsieur Nicolas).
"A paru à la fin de l'année 1768" (La Vie de mon père, 1788, p. 223)
"Le succès du roman le Pied de Fanchette fut immense, quoique les journaux aient dédaigné la plupart de s'occuper de cette nouveauté anonyme. Mais on s'en occupa beaucoup dans les salons et surtout dans les cercles littéraires : on lut ce roman, on en parla, on en chercha l'auteur, qui était encore absolument inconnu. On aurait voulu le produire dans le monde des beaux esprits." (Lacroix)
Dès cette première édition, Rétif n'était pas satisfait de son Pied de Fanchette : « [...] le Pied de Fanchette est un ouvrage manqué, depuis le quatorzième chapitre ; le succès qu'il a eu ici et quatre éditions ne m'en font pas accroire... J'ai fait une seconde édition du Pied de Fanchette, un peu meilleure que la première, en deux volumes, au lieu de trois, mais sans avoir rien retranché ; au contraire, elle commence par un Avertissement d'une page, qui n'est ni dans la première ni dans la seconde édition (sic), ni dans les contrefaçons. » (août 1778).
C'est dans cet ouvrage que, pour la première fois, il fait éclater sa passion fanatique par les jolis pieds de femme et pour les jolies chaussures. Le pied de Fanchette est réellement le héros du livre : « Son pied, le pied mignon, qui fera tourner tant de têtes, était chaussé d'un soulier rose, si bienfait, si digne d'enfermer un si joli pied, que mes yeux, une fois fixés sur ce pied charmant, ne purent s'en détourner ... Beau pied ! dis-je tout bas, tu ne foules pas les tapis de Perse et de Turquie ; un brillant équipage ne te garantit pas de la fatigue de porter un corps, chef-d'oeuvre des Grâces ; tu marches en personne, mais tu vas avoir un trône dans mon cœur. » (cité par Lacroix).
Cette passion pour les pieds des femmes et pour bien d'autres choses encore a été l'objet d'une thèse de doctorat intitulée : Le fétichisme : Restif de la Bretonne fut-il fétichiste ? Cette thèse fut présentée et publiquement soutenue devant la Faculté de médecine de Montpellier le 22 février 1913 par Louis Barras.
Dans quelques passages des ouvrages de Rétif de la Bretonne on prend notre auteur en flagrant délit de masturbation à l'intérieur d'une mule de femme ... "Substitut du corps et du sexe, objet fétiche, topos romanesque permettant à l'intrigue de progresser, point de départ et aboutissement du récit, foyer dé la représentation picturale, marque du symbolique et de l'imaginaire, le pied de Fanchette est le lieu de tous les possibles." (Didier Masseau, in Etudes Françaises, La chaussure ou le pied de Fanchette, Volume 32, numéro 2, automne 1996)
Fils de paysans de l'Yonne, devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Polygraphe, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à tous les genres, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779) où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également touché au théâtre sans grand succès. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde. Cependant l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé -, mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. C'est aussi un philosophe réformateur pénétré de rousseauisme qui publie des projets de réforme sur la prostitution, le théâtre, la situation des femmes, les mœurs, et un auteur dramatique.
Références : Rives-Childs, n°III, pp. 201-203 ; Lacroix, n°III, n°1 pp 85-87
Bon exemplaire en condition d'époque de cette édition originale rare et recherchée, entièrement composée à presse par Rétif de la Bretonne lui-même.
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2 500,00 €Prix
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