Mémoires de Suzon, soeur de D... B... (Dom Bougre) portier des Chartreux, écrits par elle-même (1793). Très rare édition révolutionnaire parue en pleine Terreur de ce curiosa rare dans toutes ses éditions anciennes. Superbe exemplaire en belle reliure décorée de l'époque, ce qui en fait une rareté bibliophilique avérée.
[Anonyme]
Mémoires de Suzon, soeur de D... B......, portier des chartreux, écrits par elle-même.
A Londres, L'an second de la République Française, 1793
Suivi de :
Mémoires de Suzon, soeur de D... B......, portier des chartreux, écrits par elle-même ; où l'on a joint la Perle des Plans économiques ou la Chimère raisonnable. Tome second.
A Londres, L'an second de la République Française, 1793
2 tomes reliés en 2 volumes in-24 (10,5 x 6,8 cm) de 112 et 111 pages.
Reliure de l'époque pleine basane racinée, dos lisse orné aux petits fers dorés, filets dorés, roulette dorée sur les coupes, doublures et gardes de papier marbré (reliure vers 1800-1810). Très bel état de conservation. Exemplaire court de marges (sans atteinte au texte). Intérieur frais. Les pages de titre sont dans un encadrement composé de fers typographiques.
Nouvelle édition.
Ce texte érotique très libre a paru pour la première fois sous la date de 1778. Cette première édition est au format in-12 en 167 pages. Le Plan économique ou la Chimère raisonnable y est déjà présent. Il existe une édition de 1782 en 280 pages (in-12) ornée de 12 gravures obscènes dont une en frontispice (texte encadré). On retrouve cette suite de gravures dans l'édition portant la date de 1783 (en 264 pages). Une édition parait sous l'adresse : A j'enconne, rue des Déchargeurs (sans date, i.e. vers 1785) avec 13 gravures encadrées dont une en frontispice. Vient ensuite notre édition portant la date de 1793, qui serait donc la cinquième édition et la dernière publiée au XVIIIe siècle. Une nouvelle édition de 1830 est ornée de 8 lithographies obscènes mais ne contient plus la Perle des Plans économiques ou la Chimère raisonnable. Dutel signale encore plusieurs éditions au cours du XIXe siècle donnant une idée du succès de ce texte érotique anonyme.
On ne sait pas qui a écrit ce texte qui se veut un complément au Portier des Chartreux ou Dom Bougre de Jean-Charles Gervaise de Latouche (1715-1782). On ne sait pas plus qui a écrit ce petit texte très spirituel intitulé La Perle des Plans économiques ou la Chimère raisonnable paru pour la première fois en 1778 et traitant d'un plan pour gérer sagement et économiquement la prostitution. Il est intéressant de constater que le premier à avoir donné un Plan pour régler la prostitution est Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne en 1769 avec son célèbre Pornographe. Il semblerait que neuf ans plus tard (1778), un autre auteur se soit penché sur le même problème avec des similitudes dans le traitement du sujet.
"Dans sa première édition connue, paraît, en 1778, un roman anonyme, intitulé Mémoires de Suzon, sœur de D… B…, portier des Chartreux, écrits par elle‑même, où l’on a joint La Perle des plans économiques ou la Chimère raisonnable. Par son titre et son héroïne, membre de la fratrie de l’une des figures les plus illustres du genre, il exhibe sa filiation à la littérature libertine. Le récit se conforme aux codes des ouvrages licencieux en vogue au XVIIIe siècle. L’auteur y donne la parole à un personnage féminin, lequel relate son initiation sensuelle. [...] Pour être souvent diserts, en particulier sur la question du calcul moral, les ouvrages libertins n’ont pas pour habitude de faire du libertinage comme pratique individuelle un principe économique bénéfique à l’État dans son ensemble. Les questions politiques en général y sont rarement abordées. Ostensiblement engagée, la deuxième partie des Mémoires de Suzon se démarque par sa prise de conscience et sa volonté réformatrice. Ce qui est présenté comme « La perle des plans économiques » propose, sur le modèle de projets de règlements existants, des mesures sanitaires, économiques et sociales à même d’enrayer l’épidémie de vérole qui sévit dans la capitale tout en renflouant les caisses de l’État. À l’heure où une application aléatoire de la jurisprudence laisse tout pouvoir à une police des mœurs débordée par la recrudescence des foyers de prostitution et d’infection et où le trésor royal frise la banqueroute, la réforme devient urgente. Plutôt que de les enfermer à l’Hôpital Général ou à Bicêtre, le code de Suzon préconise d’enrôler les filles en bonne santé au service de l’État. Comme le sous‑entend une étymologie commune, l’économie de « la grande maison » royale aurait tout intérêt à tirer profit de « petites maisons » qu’elle administrerait et taxerait. [...] Pourtant, derrière l’humour gras d’une farce libertine à peine dissimulée, les multiples volets hygiénistes, moraux, politiques et financiers convoqués font écho aux préoccupations d’un XVIIIe siècle secoué par le plaisir. La gravité de la situation perce sous une satire qui témoigne, à tout le moins, de l’invasion des considérations économiques à cette période, y compris dans la littérature érotique. [...] " (in Élise Sultan‑Villet, « Faut‑il taxer les minois ? Un plan économique pour les petites maisons dans les Mémoires de Suzon, sœur de Dom Bougre, portier des Chartreux », dans Fabula-LhT, n° 28, « Inventer l'économie », dir. Claire Pignol et Christophe Reffait, October 2022).
Notre édition de 1793, parue en pleine Terreur révolutionnaire, ne contient pas la Préface aux Mémoires de Suzon qu'on trouve dans l'édition de 1778 notamment. Le texte pornographique arrive donc directement aux yeux du lecteur, sans aucune présentation qui pourrait adoucir la chose (qui a sans doute possible été l'effet voulu par l'éditeur de 1793).
Les Mémoires de Suzon est très bien écrit même s'il entre dans la catégorie de ces livres libertins qu'on ne lit que d'une main. En voici pour preuves quelques passages choisis : "[...] Quand tout fut achevé, il me plaça ſur l’eſcarpolette, m’enjoignit de tenir les genoux élevés, d’écarter les cuiſſes le plus que je pourrois, & d’avoir bien ſoin de préſenter toujours le con en avant. [...] Donnant un coup de cul chaque fois, ſon vit touchoit les levres de mon con ; il le faiſoit entrer très avant & rendoit le mouvement de l’eſcarpolette plus actif. De façon que plus le plaiſir approchoit, plus les ſecouſſes propres à l’accélérer, étoient répétées. Quand il ſe vit près de décharger, pour ne point perdre cette précieuſe liqueur, au lieu de me repouſſer comme il avoit fait juſqu’alors, il me prit les jambes ſous ſes bras & m’appuyant fortement avec ſes deux mains le cul contre ſon ventre, il m’inonda d’un déluge de foutre. [...]"
NDLR : C'est assez dire que ce texte est plaisant et propre à faire jouir les esprits les plus fins.
Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1650 et 1880, n°691 (du n°687 au n°695 pour les autres éditions).
Très rare édition révolutionnaire parue en pleine Terreur de ce curiosa rare dans toutes ses éditions anciennes.
Superbe exemplaire en belle reliure décorée de l'époque, ce qui en fait bien plus qu'une rareté bibliographique avérée, une perle bibliophique démontrée.
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