ACERBI (Joseph) | Joseph LAVALLEE (traducteur). VOYAGE AU CAP-NORD, par la Suède, la Finlande et la Laponie, par Joseph Acerbi. Traduction d'après l'original anglais, revue sous les yeux de l'auteur, par Joseph Lavallée. A Paris, chez Levrault, Schoell et Comp., An XII. - 1804. 3 volumes in-8 (20,8 x 13,4 cm) brochés et 1 volume de planches in-4. Première édition française. Bel exemplaire.
ACERBI (Joseph) | Joseph LAVALLEE (traducteur)
VOYAGE AU CAP-NORD, par la Suède, la Finlande et la Laponie, par Joseph Acerbi. Traduction d'après l'original anglais, revue sous les yeux de l'auteur, par Joseph Lavallée.
A Paris, chez Levrault, Schoell et Comp., An XII. - 1804
3 volumes in-8 (20,8 x 13,4 cm) brochés de 4-XLIV-320, (4)-XIV-429, (4)-VI-382 pages + 1 volume in-4 (29,2 x 21,7 cm) de "Collection de Planches" (chez les mêmes éditeurs) contenant : 8 pages de texte (titre, table et explication des planches), 1 portrait de l'auteur, 10 planches (vues diverses), 5 planches d'animaux et insectes, 6 feuillets de musique (imprimés recto verso et paginés 1 à12), et 1 grande carte dépliante 59 x 56 cm env. (carte du nord de la Suèdes, de la Norvège, de la Finlande et de la Laponie indiquant la route des Voyages de J. Acerbi au Nord Cap). Les volumes de texte brochés sont sous couverture de papier bleu à la colle de l'époque avec étiquettes de titres imprimées sur papier (les volumes de texte sont presque entièrement non coupés, jamais lus). Le volume de planches a été relié et est recouvert d'un papier à la colle à l'imitation. Le tout est en excellent état de conservation.
Première et unique édition française.
Né en Italie à Castel Goffredo en 1773, Giuseppe Acerbi fut tour à tour explorateur, naturaliste, diplomate et homme de lettres. Esprit éclairé nourri de culture classique, il s’inscrit dans la lignée des savants voyageurs du XVIIIe siècle, alliant goût de l’aventure, observation rigoureuse et curiosité humaniste. Il fut également directeur de la Biblioteca Italiana et consul à Alexandrie, mais c’est son grand voyage au Cap Nord qui assura sa renommée durable, notamment en Scandinavie et en Finlande, où son nom reste associé à la découverte et à la valorisation des cultures locales. En 1799, à l’âge de 26 ans, Acerbi entreprend un périple fascinant à travers les confins nordiques de l’Europe. Depuis Stockholm, il traverse la Suède, longe la Finlande, pénètre les immensités lapones et atteint enfin le Cap Nord — extrémité ultime du continent — le 19 juillet. Ce voyage donne lieu à une œuvre marquante, d’abord publiée à Londres sous le titre Travels through Sweden, Finland and Lapland to the North Cape in the years 1798 and 1799, puis traduite en français dès 1804 (notre édition). Dans ce récit, Acerbi ne se contente pas de décrire des paysages et des climats : il s’attarde sur les coutumes, les langues, les croyances et les chants des peuples rencontrés. Il introduit dans la littérature européenne le mot « sauna », transcrit des airs populaires finlandais, et annonce, sans le savoir, l’émergence d’un intérêt ethnographique pour les cultures du Nord. À la croisée du journal scientifique, du récit de voyage et de la rêverie romantique, ce Voyage au Cap Nord est un témoignage précieux et sensible, une œuvre où l’érudition rencontre l’émerveillement.
Acerbi est le premier à décrire le sauna finlandais et à utiliser ce mot, et il recueille plusieurs poésies du nord de la Finlande, encore très connues dans ce pays : Jos mun tuttuni tulisi (« Si mon bien-aimé venait »), Ia ninna nanna Nuku, nuku nurmilintu (« Dors, dors, petit oiseau »), et le poème d'Antti Keksi sur l'inondation du fleuve Tornio en 1677, devenu un chant religieux. Il note aussi la mélodie de la chanson Älä sure Suomen kansa (« N'aie pas peur, peuple de Finlande »), ainsi que les mélodies du Kalevala. Il est davantage connu en Finlande qu'en son pays natal. Le succès du Voyage au Cap Nord vaut à Giuseppe Acerbi une notoriété européenne. Invité dans les cercles intellectuels de son temps, il fréquente Goethe, Madame de Staël, Malthus ou Klopstock, et rencontre Napoléon à Paris en tant que représentant de la République cisalpine. Mais ses critiques virulentes à l’égard du gouvernement suédois, publiées dans son livre, déclenchent un incident diplomatique : arrêté à Paris sous pression suédoise, ses journaux sont confisqués. Cet épisode met fin à sa carrière diplomatique. Revenu à Castel Goffredo, il se consacre à la viticulture et rédige Delle viti italiane, un traité sur les cépages. Il évolue politiquement et, en 1814, participe au Congrès de Vienne, où Metternich le nomme consul d’Autriche à Lisbonne — poste qu’il n’occupera jamais, préférant diriger à Milan la revue Biblioteca Italiana, financée par les Autrichiens. En 1825, il devient consul à Alexandrie et explore l’Égypte et la Nubie, réunissant une riche collection d’antiquités. Atteint d’une maladie des yeux, il rentre en Italie en 1834, s’installe à Venise comme conseiller, puis se retire à Castel Goffredo. Il y meurt en 1846, laissant inachevé le récit de ses voyages en Égypte.
Joseph Lavallée (1747–1816), né marquis de Boisrobert, abandonna la carrière militaire pour se consacrer aux lettres. Polyglotte accompli, il traduisit de nombreux ouvrages, notamment de l’anglais. Une lettre de cachet obtenue par sa famille en raison de son homosexualité le fit emprisonner à la Bastille jusqu’à la Révolution qui lui permit d'en sortir. Indigné, il renonça à son nom de naissance et adopta celui de Lavallée. Ardent partisan des idéaux révolutionnaires, il publia des poèmes, romans et traductions, devenant un auteur reconnu. Il fut membre actif de plusieurs sociétés savantes et occupa divers postes, dont celui de chef du bureau des titres à la Grande Chancellerie. Franc-maçon, il fonda la loge des Commandeurs du Mont-Thabor. Exilé à Londres après la chute de Napoléon, il y mourut en 1816.
Provenance : de la bibliothèque de Camille Seguin, à Annonay, avec son ex libris présent au verso des couvertures des trois volumes de texte. Camille Seguin (1793-1852) était le fils d'Augustine Thérèse MONTGOLFIER (1764-1843), descendante des célèbres papetiers de Vidalon près d'Annonay ; son père, Marc François Seguin (1757-1832), était proche des Montgolfier et d'une famille d'industriels et d'ingénieurs (fabriques de draps et chaudières aussi). Camille est le commercial de la fratrie. Jeune, dès 1814, il effectue des voyages de commerce au profit de Seguin et Cie. Il prend l'initiative de l'extension de la zone commerciale vers le Sud de la France, ainsi que vers l'Est vers la Suisse francophone. Il joue un rôle central dans la communication entre les frères : il assure par exemple la gestion des fournisseurs de fil de fer au moment de la création du premier pont de Tournon, notamment par un voyage en Franche-Comté. Comme ingénieur, il se distingue par une rapidité de conception, une grande hardiesse de vue et une grande sûreté d'appréciation. En bon notable bourgeois arrivé dans les affaires, Camille Seguin devient Président du Tribunal de Commerce de la ville d'Annonay. Dans notre exemplaire son ex libris porte une mention de N° d'ordre qui n'a pas été renseignée.
Bel exemplaire resté broché tel que paru, bien complet de l'atlas de planches.
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1 800,00 €Prix
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