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François Jean de Beauvoir, marquis DE CHASTELLUX | De la félicité publique ou Considérations sur le sort des hommes dans les différentes époques de l'histoire. A Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, 1772. 2 tomes reliés en 1 volume in-8. Edition originale. Bel exemplaire de ce livre fondamental pour comprendre l’évolution de la pensée politique et morale à la fin du XVIIIe siècle.

 

François Jean de Beauvoir, marquis DE CHASTELLUX

 

De la félicité publique ou Considérations sur le sort des hommes dans les différentes époques de l'histoire.

 

A Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, 1772

 

2 tomes reliés en 1 volume in-8 (21,5 x 13,5 cm) de VI-XVIII-238 et (2)-[VII] et VIII-216 pages.

 

Reliure strictement de l'époque plein veau fauve marbré, dos à nerfs orné aux petits dorés, pièce de titre de maroquin rouge, doublures et gardes de papier marbré, tranches rouges. Exemplaire en superbe état de conservation, très frais. Quelques anciennes taches d'encre brune sans gravité.

 

Edition originale.

 

De la Félicité publique est une vaste réflexion philosophique et historique dans laquelle le marquis de Chastellux s’interroge sur le bonheur des sociétés humaines à travers l’histoire. L’ouvrage adopte une perspective comparatiste : Chastellux examine successivement les mœurs, les institutions, les systèmes politiques, les religions et les philosophies de différentes civilisations (de l’Antiquité à l’Europe moderne) pour mesurer leur impact sur la félicité publique, autrement dit le bien-être collectif. Il s’inspire des Lumières, notamment de Montesquieu, Rousseau, Voltaire et Helvétius, mais il conserve une position modérée et nuancée : tout en critiquant certaines institutions (notamment le fanatisme religieux ou la tyrannie), il refuse l’idéalisme naïf ou les utopies irréalistes. Son objectif est pratique : comprendre les mécanismes du bonheur public pour favoriser le progrès humain.

 

L’ouvrage est divisé en plusieurs parties qui correspondent à des périodes historiques : L’Antiquité (Égypte, Grèce, Rome) – L’auteur y examine les régimes politiques, l’esclavage, les inégalités sociales, les religions polythéistes. Le Moyen Âge – Il déplore la féodalité, l’obscurantisme religieux et les guerres constantes. La Renaissance et les temps modernes – Il y observe un début d’amélioration avec le progrès des arts, des sciences et la montée de la raison. L’Europe des Lumières – Il célèbre les avancées philosophiques et politiques de son temps, tout en restant critique face aux injustices persistantes.

 

Chastellux entend par là un bonheur socialisé, non pas la simple somme des plaisirs individuels, mais un bien-être généralisé fondé sur la justice, la liberté, l’éducation et la modération des inégalités. C’est une notion politique autant que morale.​ L’auteur développe une vision progressiste de l’histoire humaine : malgré les reculs et les périodes sombres, les sociétés tendent globalement vers une amélioration du sort des hommes, grâce à la raison et aux institutions politiques. Ce progressisme tempéré s’oppose au pessimisme de Rousseau sur la civilisation. Chastellux s’oppose aux régimes despotiques, à l’intolérance religieuse, aux privilèges héréditaires, tout en défendant l’idée que des institutions bien réglées, même monarchiques, peuvent favoriser la félicité publique si elles sont éclairées. Il accorde un rôle central aux Lumières dans l’amélioration du sort humain. Il ne s’agit pas de nier les passions ou la sensibilité, mais de les encadrer par la raison et l’éducation. L’influence d’Helvétius et de l’utilitarisme français est perceptible : Chastellux valorise ce qui est utile à la société et à la majorité. Il refuse la vertu abstraite et préfère une éthique des effets concrets. À sa parution, De la Félicité publique est bien accueilli par les cercles éclairés. Il marque un tournant vers une pensée plus empirique de l’histoire sociale. Toutefois, son style érudit, parfois digressif, le rend moins accessible que celui de Voltaire ou Rousseau. Il influencera les débats pré-révolutionnaires sur le bonheur social, mais sera un peu éclipsé par les grands noms du siècle. Néanmoins, il mérite aujourd’hui d’être redécouvert comme une synthèse originale et humaniste des Lumières.

 

Le marquis de Chastellux (1734–1788), issu d'une ancienne et illustre famille de Bourgogne (les Beauvoir-Chastellux), écrivain, philosophe et officier éclairé, fut l’un des représentants les plus modérés et humanistes des Lumières françaises. Membre de l’Académie française, il s’illustra autant par ses écrits — notamment De la Félicité publique — que par son engagement militaire. Il participa activement à la guerre d’indépendance américaine comme maréchal de camp et chef d’état-major de Rochambeau, jouant un rôle décisif dans la campagne de Yorktown aux côtés de George Washington, dont il devint l’ami. Voyageur attentif, il laissa un précieux témoignage sur la jeune république américaine (Voyages de M. le Marquis de Chastellux dans l'Amérique septentrionale dans les années 1780, 1781 et 1782), publié en 1786). Il mourut prématurément en 1788, à la veille de la Révolution, d’une fièvre soudaine, laissant l’image d’un penseur réformateur attaché à la raison, à la justice et au bonheur des peuples.

 

Bel exemplaire de ce livre fondamental pour comprendre l’évolution de la pensée politique et morale à la fin du XVIIIe siècle.

De la félicité publique par le marquis de Chastellux (1772). Superbe exemplaire.

1 250,00 €Prix
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